Session C: Les citoyens revendiquent leurs droits

Comment mobiliser les communautés pour réaliser le droit à l’éducation et à la santé.

Modératrice : Fanny Polet, G3W-M3M – KIYO – Solidagro (consortium)

Différents obstacles au plan social, économique et culturel, engendrés par un manque d’engagement d’ordre politique, institutionnel ou communautaire, accroissent la situation de vulnérabilité de groupes à risques (femmes et filles, enfants, jeunes, personnes porteuse de handicap…).

Le changement social, au niveau individuel, communautaire et institutionnel est un catalyseur pour leur permettre de jouir de leurs droits, d’améliorer leurs conditions de vie et de participer activement à la société sur un pied d’égalité. L’autonomisation des communautés, des mouvements sociaux forts et l’implication du niveau politique sont indispensables pour changer les relations de pouvoir au profit des groupes vulnérables. Le lien entre les organisations sociales et les communautés et leurs groupes constitutifs est crucial pour cibler les besoins réels des bénéficiaires.

Le changement social, avec l’approche par les droits, peut être actionné à différents niveaux :

  • Celui des détenteurs des droits (right holders) en leur permettant de revendiquer, de défendre et de jouir de leurs droits.
  • Celui des porteurs d’obligations (duty bearers) (Gouvernement, institutions et services), en veillant à l’application de ces droits.
  • Celui de la société (communautés, société civile organisée), en créant un environnement dans lequel les titulaires de droits peuvent exercer leurs droits.

Les organisations de la société civile doivent assumer leur responsabilité sociale en offrant des opportunités (sociales, culturelles, économiques …) aux personnes vulnérables. Parmi les droits à défendre, les droits à la santé et à l’éducation sont deux piliers qui sont intimement liés. Les services de santé, tout comme une éducation inclusive jouent un rôle clé pour permettre à toute personne de jouer un rôle actif dans la société.

L’éducation ne se limite pas aux murs des écoles. L’éducation à la santé est un ensemble d’actions d’information, d’éducation et de communication qui vise à modifier dans un sens favorable à la santé les connaissances ou les croyances, les attitudes, les comportements, les compétences des individus ou d’une communauté. Un des points de départ du processus pédagogique dans l’éducation à la santé est la reconnaissance du savoir existant, présent mais latent au sein de la population.

Ce panel abordera la question de savoir comment par-delà l’éducation formelle, l’éducation populaire peut améliorer les résultats en matière de santé en impliquant les bénéficiaires finaux, notamment les groupes qui ne sont traditionnellement pas impliqués directement dans l’organisation des structures formelles de la santé. Il essaiera également de montrer comment un mouvement social fort doit exister pour parvenir à un changement social et que pour se faire, une stratégie d’empowerment basée sur une approche par les droits amène des résultats positifs tout en nécessitant une mobilisation et une collaboration des parties prenantes, bénéficiaires, communautés, acteurs du secteur, autorités…

Trois intervenants partageront leurs expériences et succès dans la mobilisation des communautés pour le changement social et politique pour réaliser leur droit à l’éducation et à la santé.

PROGRAMME

  • Empowerment et participation : l’éducation populaire, un outil efficace de droits à la santé

Billy Mwangaza, Animateur et Responsable de la Dynamique des Jeunes, Etoile du Sud (Kinshasa, RD Congo)

Etoile du Sud est une ONG congolaise qui encadre un réseau de comités de santé dans plusieurs provinces du Congo en partenariat avec ULB-Coopération, G3W-M3M et KIYO. Ces comités organisent la population et font de l’éducation à la santé, de la prévention et abordent les problèmes de santé du milieu de vie dans les quartiers.

L’éducation et la sensibilisation sont les premières étapes importantes à la création d’un mouvement fort : « Ce qui bloque souvent la participation responsable et conséquente des jeunes à la gestion de notre pays et de l’humanité entière, c’est le manque de bonnes informations, le manque de formation et le manque d’esprit communautaire dans la résolution des problèmes. » (Billy Mwangaza).

En RD Congo, Etoile du Sud offre une alternative au fatalisme en enseignant et utilisant une stratégie d’empowerment basée sur une approche des droits. Tout d’abord, la présentation abordera de manière concrète le travail de l’organisation en utilisant l’approche des droits à la santé. Ensuite, elle parlera d’un projet spécifique qui montre comment les volontaires de l’Etoile du Sud contribuent à l’empowerment des communautés en prenant en compte leur besoins spécifiques au regard de la complexité des problèmes auxquels les communautés font face.

  • Promouvoir la création d’un environnement protecteur dans les communautés en vue d’un meilleur respect des droits des enfants en particulier les filles

Ali Oumarou, Responsable de projet, Plan International Niger

Le projet « Pour une meilleure protection des filles au Niger » est un projet de Plan International Belgique et Niger qui vise à la lutte contre le mariage d’enfant et ses conséquences surtout sanitaires. Il ambitionne ainsi d’améliorer la position des filles dans la société en leur donnant les moyens de mieux se valoriser et être respectées dans leurs communautés. Cet objectif est atteint à travers la mobilisation des communautés et surtout la coopération entre les acteurs de la santé et ceux de l’éducation.

La présentation sera axée principalement sur des approches holistiques impliquant des acteurs du changement et des structures communautaires de prise en charge. Ces approches concourent à l’appropriation par les bénéficiaires – principalement des jeunes filles de 13 à 18 ans déscolarisées et non scolarisées – des stratégies visant leur renforcement des capacités à avoir confiance en elles et leur autonomisation économique.

  • Le rôle des Centres communautaires dans la promotion d’une éducation et de services de santé inclusifs pour les personnes handicapées dans les Territoires palestiniens occupés : l’expérience de la BASR

Mohammed Owaineh, Superviseur de l’éducation communautaire, , Bethlehem Arab Society for Rehabilitation (BASR)

Depuis les années 1980, la Bethlehem Arab Society for Rehabilitation (BASR) a mis en œuvre une stratégie axée sur l’utilisation des ressources disponibles dans la communauté. En formant des comités locaux dans les régions où l’accès aux services est limité pour des raisons politiques, économiques et sociales diverses, la BASR a soutenu la création de centres communautaires qui font office de points relais pour les personnes en situation de handicap dans ces communautés.

La présentation expliquera le rôle joué par la BASR, d’une part, dans le renforcement du pouvoir d’action des comités locaux au sein des communautés ciblées afin de soutenir la création d’un mouvement des personnes handicapées solide et actif qui, à son tour, plaide pour un accès aux services essentiels (comme la santé, l’éducation, les moyens de subsistance et la participation) et une responsabilisation de la communauté quant à la question du handicap et, d’autre part, dans la promotion de l’égalité.

Mais elle mettra également en lumière de quelle façon l’implication de la BASR dans la communauté locale a contribué à promouvoir non seulement les droits des personnes handicapées, mais aussi la sensibilisation des gens en Palestine au handicap dans le cadre d’une approche basée sur les droits visant à autonomiser les personnes handicapées, ainsi que la mobilisation communautaire. Elle montrera aussi comment l’éducation est un outil clé du développement local durable et inclusif et comment les centres communautaires travaillent à promouvoir cette idée et à sensibiliser davantage les gens à leur droit à une éducation inclusive.

Et pour terminer, elle s’attardera sur le rôle de la BASR dans le renforcement des capacités des acteurs locaux (autorités locales, centres communautaires) afin d’offrir aux personnes en situation de handicap une éducation et des services de formation adéquats et d’améliorer leur accès à des services de réadaptation complets adaptés et de les intégrer dans le système scolaire normal.

  • Questions-Réponses