Santé mentale au Rwanda – plus de 12 ans d’expérience partagée
02/07/2018

Pendant plus de 12 ans, le docteur Achour Mohand a travaillé au sein du ministère de la santé au Rwanda pour promouvoir et renforcer les services de la santé mentale du pays. Au niveau mondial, un patient sur quatre qui visite un centre de santé a un trouble mentale, neurologique ou comportemental mais ses troubles ne seront pas détectés ni traités. Entre 2008 et 2018, avec l’appui de la coopération belge (ENABEL), le nombre de patients avec troubles mentales au Rwanda pris en charge est augmenté de 19.000 à plus de 200.000. Plus de vingt personnes – membres de Be-cause health – se sont réunis le mercredi 27 juin pour écouter et s’échanger avec le Dr. Achour sur ce thème de la santé mentale.

 

Dr. Achour souligne l’écart ou ‘gap’ entre les besoins et le support apporté au niveau mondial. Les dépenses globales pour la santé mentale se limitent à 5 cents par personne (capita) lorsque le besoin est estimé à 2 euro par personne (Lancet Global Mental Health Group Estimation, 2015). Globalement, malgré un intérêt accru dans les maladies chroniques et non-transmissibles (NCDs), il y a eu peu d’attention et des projets financés qui portent sur la santé mentale. Ceci est regrettable car des médicaments efficientes sont disponibles (et abordables). Globalement, il faut aussi un investissement en ressources humaines, à la fois au niveau des infirmiers, des médecins traitant et des spécialistes. Avec l’adoption des objectifs de développement durables (SDGs), il y a eu un renouvellement de l’intérêt global. La santé mentale est reprise dans l’objectif 3 « santé et bien-être » par l’indicateur 3.4, 3.5 (abus de substance) et 3.8 (couverture universelle de santé). En 2017, l’OMS avait déclaré la santé mentale le thème de la journée mondiale de la santé 2017 et la Banque Mondiale avait tenu un sommet à New York sur les coûts que représentent les maladies mentales.  La Grande-Bretagne (Royaume-Uni) planifie une réunion internationale des ministres de la santé sur le thème de la santé mentale en octobre 2018.

 

Dr. Achour tient une expérience unique de travail de 12 ans au Rwanda, travaillant pour la coopération technique belge (BTC-CTB/ENABEL) au sein du ministère et avec tant d’autres acteurs.  Son travail d’équipe de renforcement institutionnel et structurel du ministère de la santé mentale a réussi à intégrer la santé mentale dans les « packages » de services médicaux offerts. Les résultats obtenus sont impressionnants.  Le nombre d’unités en santé mentale au sein des hôpitaux et des centres de santé a doublé, et de nombreux membres de personnel de santé sont formés.  Il est important qu’il n’y ait pas uniquement des spécialistes et des psychiatres formés mais aussi et surtout des infirmiers pour assurer des services ambulatoires et communautaires. Le succès et les résultats obtenus découlent de cette approche à la fois décentralisée et d’un travail interdisciplinaire, notamment avec le secteur de l’éducation.

 

Un nombre de défis continue évidemment d’exister. Ceux-ci ont été partagés par Dr. Achour et entendus par des différents acteurs belges toujours présent au Rwanda dans le secteur de la santé. La décision belge d’intervenir au Rwanda sur ce domaine de la santé mentale a été liée au génocide.  Le programme a démontré – comme dans beaucoup d’autres pays – que la santé mentale compte plus de problèmes que le trouble post-traumatique.  Au niveau mondial, y compris les pays pauvres (LIC), les patients avec des troubles mentales, tel que l’insomnie, la dépression, sont aussi une grand partie des ‘consommateurs’ de services de santé.  Il est important de les reconnaitre et de concevoir que la santé mentale mérite une plus grande attention dans toutes les programmes de santé et les pays partenaires.

 

Ce résumé a été écrit par Tim Roosen, le coordinateur de la plate-forme Be-cause health.

 

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